L’Anses alerte sur des usages de produits phytopharmaceutiques interdits
L’Agence nationale de sécurité sanitaire rapporte près de 600 cas d’intoxications à des produits interdits en France, gardés en stock ou importés illégalement.
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Des produits interdits en France et dans l’Union européenne, parfois depuis plus de 20 ans, sont encore « régulièrement source d’intoxications », a alerté l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, dans son bulletin des vigilances sanitaires le 5 mai 2025. L’autorité sanitaire explique ces expositions, dans 60 % des cas à des insecticides, par des stocks toujours existants chez les particuliers ou les professionnels. L’importation illégale de produits autorisés dans d’autres pays serait l’autre source d’approvisionnement.
Usages détournés et passages aux frontières
Le dichlorvos (organophosphoré insecticide et acaricide) est la substance active qui ressort le plus de l’analyse de l’Anses (voir encadré), suivi par l’aldicarbe (carbamate insecticide, acaricide et nématicide), la strychnine (taupicide) et le paraquat (herbicide). Concernant le dichlorvos, près de 80 % des expositions concernaient le Sniper 1000. Cet insecticide agricole utilisé en Afrique est importé illégalement en France puis détourné en biocide contre les punaises de lits et les cafards.
La moitié des produits incriminés, pour lesquels la provenance était renseignée, concerne d’ailleurs le dichlorvos, acheté « auprès de vendeurs à la sauvette sur des marchés, dans des commerces ou sur internet », précise l’autorité sanitaire. Un autre tiers a été acheté alors que l’autorisation était toujours en cours, comme l’aldicarbe. Les cas restants correspondent à des dons par des tierces personnes.
En Guyane, les habitants peuvent encore s’approvisionner en paraquat au Suriname, pays frontalier, où il est vendu « sans restriction légale », illustre encore l’Agence. Cependant, la situation s’améliore puisque le nombre d’expositions à cet herbicide a chuté de 68 % sur la période 2017-2022, comparé à 2012-2016, période d’analyse de la précédente étude.
10 appels par an pour l’aldicarbe
L’aldicarbe reste en cause dans une dizaine d’appels aux centres antipoison par an, notamment dans les Hauts-de-France, où des stocks pourraient subsister. Les produits à base de cette substance active ont été très utilisés dans cette région pour la culture de la pomme de terre et de la betterave sucrière.
« L’usage détourné de l’aldicarbe comme rodenticide dans les cultures bananières aux Antilles a pu se poursuivre au moins jusqu’en 2004, ajoute l’Anses. Les cas rapportés en Guadeloupe et Martinique laissent [aussi] supposer la persistance de stocks ». Néanmoins, les expositions totales à l’aldicarbe relèveraient davantage de suicides ou de tentatives de suicides (46 cas sur 57).
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